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L’AMOUR HUMAIN.

croit l’adversaire du fanatisme. Cependant il porte, dans ses improvisations au sujet de l’histoire, une humeur d’hérédo, un aveuglement systématique et toutes les tares de l’amour sensuel. Sa raison, sa sagesse dorment, l’ordre lui est inconnu et il s’en glorifie, par un mécanisme orgueilleux, que nous avons analysé, et qui est celui de tous ses pareils. Fécondé, gonflé, rompu, éparpillé par un instinct génésique qui parle d’autant plus haut et cru que l’auteur avance en âge — symptôme grave de déséquilibre intérieur — le moi de Michelet, au milieu d’images brillantes, se jette sur tous les moi des époques troubles, notamment de la Révolution, et les interprète à sa guise. Les ouvrages latéraux, tels que la Femme, l’Amour, l’Insecte, l’Oiseau, etc., nous donnent la clé psychologique de cette personnalité à la fois frénétique et endormie, frénétique quant aux hérédismes, endormie quant au bon sens intérieur. Son œuvre, écrite en un langage brisé, hagard, puissant et souvent magnifique, est un témoignage du dérèglement de conscience tout à fait singulier. Le romantisme individualiste, cette éjection des composants congénitaux du