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L’HÉRÉDO.

hérédismes. Je laisse à penser quel gonflement, puis quel éclatement de principes ancestraux ou de parenté immédiate, quel automatisme par débris et jonchement de la conscience, succédait à cette première aura ! D’où malaise, réaction du soi, création et projection littéraires, accomplies d’ailleurs avec fatigue et difficulté, car cet immense réservoir d’images obsédantes avait un tout petit orifice d’écoulement, par la plume et par la parole. Il se délivrait donc malaisément et imparfaitement.

À peine délivré, le soi baudelairien, convaincu que cette alerte serait la dernière, recouvrait aussitôt son équilibre et se mettait aux projets d’avenir. Ils abondent dans Mon cœur mis à nu, les projets d’avenir, les plans de vie. L’hérédo, momentanément soulagé et rendu à lui-même, pousse invariablement ce soupir de délivrance et combine les plans de sa résurrection. Illusion déchirante et touchante, car on ne secoue pas aussi aisément le poids des aïeux reviviscents, entre la trentième et la cinquantième année. Il y faut une assiduité volontaire que ne possédait pas Baudelaire et un entraînement qu’il ignorait. Ses