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L’AMOUR HUMAIN.

car la veine lyrique de Ronsard se porte indifféremment sur tous les objets, sur les jardins, les nymphes, la cour, la politique, la nation, et ennoblit et glorifie tout ce qu’elle touche. Ni l’infirmité, ni l’âge, ni la désillusion sentimentale, ne pouvaient longtemps courber ou altérer cette sagesse brillante, comparable au « saule verdissant » que le poète comparait lui-même au Gaulois, et qui tire profit de son propre dommage. Il y a plus d’une ressemblance entre cette facilité créatrice, cette volonté du beau toujours en éveil, et la personnalité de Léonard de Vinci. Le Vendômois se rapproche ainsi de l’Amboisien par adoption royale. L’un et l’autre inventent continuellement, dans le domaine des couleurs, du dessin, du son et des cadences. L’un et l’autre possèdent ce magnifique privilège du soi vainqueur, qui est la domination des apparences. Ils extraient l’un et l’autre du vaste univers et ils coordonnent tout ce qui relève de la conscience humaine, même la pierre dure et les astres lointains.

Un autre poète, plus récent, est un véritable champ clos du soi et des hérédismes, mais laisse malheureusement, au contraire de