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L’HÉRÉDO.

manifestes que dans la Divine Comédie. L’œuvre de Shakespeare, qui vient après, morcelle sa destination et son bienfait comme son émerveillement. Elle n’a pas cette courbe majestueuse, ni cette cohésion. L’initiative créatrice n’y est pas aussi parfaitement scandée, harmonisée par l’équilibre sage. Le chantre incomparable du plus grand amour terrestre se trouve donc être, du même coup, le plus profond révélateur de l’homme à l’homme et cela n’étonnera aucun de ceux qui ont suivi notre démonstration. Il ne pouvait en être autrement. À côté de la Divine Comédie, les sonnets de la Vita nuova étincellent d’un rayonnement analogue. C’est une raison qui s’est saisie et qui s’offre. Le risque héroïque est sensible dans l’élan hardi du sentiment, passionné mais lucide, qui trouve toujours l’expression la plus auguste. Ainsi Dante se sépare des hérédismes, même sages, de son ascendance et laisse arder son soi en face du soi ardent de sa bien-aimée. Ce sont deux soleils spirituels, qui se complètent et se confrontent.

Chez Villon, au contraire, qui est le type de la seconde catégorie des attractions amou-