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L’AMOUR HUMAIN.

la perfection morale à laquelle ils atteindront en se conjoignant. Il est bien entendu qu’ils se trompent. Mais c’est leur intention, non leur erreur, qui est à considérer, leur intention dérivant du soi, leur erreur dérivant de l’instinct génésique, qui gonfle une concupiscence de chair. Tous nous avons eu l’occasion d’approcher des Paul et Virginie, moins le naufrage, des Roméo et Juliette, moins le tombeau et le poison. Leur pudeur, qui naît de l’équivoque, contribue à la renforcer. S’ils se conjoignent, le fruit de leur amour cherchera le risque d’être aussi près que possible de la liberté intérieure, d’être aussi peu obsédé et conditionné que possible par sa lignée, de commencer lui-même quelque chose de noble et de grand. L’enthousiasme des procréateurs garantit l’excellence du procréé, par le fait même qu’il sera plus soustrait à leur empreinte intrapsychique.

Il faut distinguer dans les attractions amoureuses :

1° Celles qui dérivent de deux soi, à peine teintés d’hérédismes du moi ;

2° Celles qui, débutant par le soi, sont rapidement recouvertes par les hérédismes du moi ;