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L’AMOUR HUMAIN.

est de torves et de louches, sur lesquelles tombe tout à coup une clarté d’origine invisible, comparable à une bénédiction. Chez beaucoup d’êtres, l’amour est un naufrage. Chez nombre d’autres, il est un rachat. Mais tous ceux, heureux ou malheureux, qui ont connu l’approche de l’amour en demeurent jusqu’au bout frémissants et comme transfigurés ; indice des profondes modifications que ce sentiment, si vif et si plastique, apporte à la personnalité morale.

L’interruption de sa solitude hantée est le rêve de tout hérédo. Il sait qu’il n’a chance d’en sortir que par le soutien d’un autre soi, qui l’aidera à repousser l’obsession des images ancestrales, à recouvrer son équilibre et sa raison. Aussi voit-on fréquemment un individu congénitalement versatile, sujet à l’autofécondation totale ou partielle, aux reviviscences automatiques, rechercher une compagne pondérée et saine, disposant d’une volonté robuste et tranquille. S’il la trouve, c’est le salut, à condition qu’il y mette du sien. Aide-toi, la femme t’aidera. S’il se trompe, si l’objet de sa flambée est indigne de son espérance et se rapproche de lui par quelque point, c’est alors