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L’HÉRÉDO.

roïsme sacrificiel, de ce que j’appellerai la fleur du soi.

On m’objectera que la majorité des amoureux n’y voit pas si loin, que le désir meut seul la plupart de ceux qui se recherchent. Je pense que ce désir charnel n’est qu’un second stade, lequel peut d’ailleurs survenir extrêmement vite, et que, chez les pires déshérités de la conscience, tout initium amoureux relève du soi, c’est-à-dire d’une double initiative, bien souvent trompée, de sagesse et de délivrance. L’amour veut le bonheur de chaque conjoint par la conjonction de deux soi, qui sera métapsychologiquement un nouvel être. L’imperfection humaine et l’instinct génésique engagent cette volonté dans un dédale dramatique, dont l’aboutissement est très fréquemment le malheur. Mais ce malheur n’est ni nécessaire ni fatal. Il est des unions longues, heureuses et chez lesquelles l’amour, loin de mourir, participe jusqu’au bout de la pérennité et de l’inaltérabilité du soi. Il en est d’autres, qui semblaient compromises ou perdues, par l’afflux soudain des hérédismes, et chez lesquelles, après un dur combat, l’attraction sage est de nouveau victorieuse. Il en