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L’HÉRÉDO.

ceci ou sur cela. Quand on lui parle des altières idées du professeur un tel ou un tel, il hausse tranquillement les épaules et cite aussitôt un cas particulier, observé comme lui seul sait observer, qui jette par terre la somptueuse et vaine théorie. Il examine et il traite le malade, non cette entité vague et confuse, tirée des manuels de pathologie, que l’on appelle la maladie. Il connaît les mœurs du malade, ses scrupules, ses méfiances, ses repentirs, ses subterfuges, ses échappées, comme Fabre les mœurs de ses petits collaborateurs articulés ou annelés. Il le manie habilement et simplement. Il le délivre de cette prolongation du mal, qui tient trop souvent à la maladresse et à l’imprudence de ses confrères. Il ne lui dit pas : « Victime de l’hérédité, vous resterez soumis à ses lois. » Il sait combien ces lois sont fragiles et qu’il y a, derrière l’hérédité, comme j’essaie de l’établir ici, bien autre chose. Lui-même dégage la triple impression de la sagesse, de la volonté et de l’initiative, comme je l’ai remarqué chez peu d’humains. Il est un modèle de personnalité libre et complète. C’est pourquoi il impose la confiance, il dissipe les préjugés et la routine.