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DANS LES PROFONDEURS DU SOI.

leur dépression, que leur déséquilibre leur grossit. Au fond de ces amers misanthropes, il y a toujours un mécontentement de soi initial, un malaise moral. Celui-ci commande les troubles physiques. L’échec des médications usuelles tient précisément à ceci qu’elles s’adressent à l’effet organique et non à la cause fonctionnelle. Pour guérir le neurasthénique, il faut faire appel à son soi et le délivrer de ses hantises : 1° en lui démontrant leur vanité ; 2° en les lui faisant écrire ou confesser ; 3° en lui fournissant des objets sains d’activité intellectuelle. Son médecin doit être son ami.

Lamennais avait tous les stigmates de l’hérédo. Son soi s’est débattu de bonne heure, âprement et douloureusement, contre la confusion anarchique qu’assemblait en lui un instinct génésique dévié, sur lequel il y aurait lieu de se renseigner exactement. Je crois bien discerner à distance, en dépit des voiles dont il le recouvre, son lourd secret. Toujours est-il que le malheureux auteur des Paroles d’un Croyant fut littéralement happé par ses hérédismes, ballotté, tiraillé comme pas un, et donna dans tous les godants de la congénitalité chargée et hantée. La marotte