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LE HÉROS ET SON CONTRAIRE.

bles et quelquefois rebutants. Le risque qui émane d’eux fait atteindre la risqueuse à la grandeur morale, la soustrait à ses hérédismes les plus généreux et personnalise ses vertus. Politiquement la France fut l’œuvre de ses Rois, moralement l’œuvre de ses mères patientes et sensées, si laborieuses qu’elles ne se reposaient que dans la prière quotidienne.

Le héros a son contraire, qui est le traître.

Le traître représente la victoire des éléments héréditaires et tiraillements du moi sur le soi, la confusion de la volonté, la dislocation de l’équilibre sage. Cela à un point tel que souvent le traître ne se rend pas bien compte qu’il trahit. Ce type humain apparaît donc de préférence dans les hérédités chargées et les âmes faibles, dispersées, errantes. On n’est pas seulement traître envers son pays, et dans tous les ordres d’idées, on l’est encore envers les siens, envers soi-même. On l’est chroniquement ou accidentellement, partiellement ou totalement. Il s’agit là d’une véritable interversion de l’héroïsme, de sorte qu’on retrouve, chez le traître, les principales caractéristiques retournées du héros, chacune des vertus étant