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LE HÉROS ET SON CONTRAIRE.

une étoffe qui se déplisse, un poids lancé et reçu, une main qui s’ouvre et se referme. Le soi de Léonard étreint et presse l’univers, cherchant partout ces lois générales du mouvement, qui relient la naissance à la mort, et le minéral, en apparence inerte, au mobile et ductile système nerveux des animaux. Ce soi foudroyant et infatigable, pour qui un objet est toujours une nouveauté — puisque le moi héréditaire ne l’offusque ni le contrecarre, — ce soi héroïque projette, sur tout problème, une lumière oblique, douce et pleine, un halo de révélation. Il saisit les concordances éparses et brouillées aux yeux du vulgaire. Il repère les analogies qui courent à travers les règnes de la nature. Il retourne la grande tapisserie immortelle, et il examine, à l’envers, le sens des coutures, les lignes d’entrée et de sortie des aiguilles, la couleur des laines. Il ne s’agit plus ici même de clartés sublimes, mais limitées à un ordre de connaissances. Il s’agit d’une véritable irradiation.

Autre exemple de héros du soi : Louis Pasteur. Sa très intéressante biographie, par son gendre, Vallery-Radot, doit être lue attentivement à ce point de vue. La santé, l’équilibre