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L’HÉRÉDO.

pièges en souriant. Il y a en elle la sécurité d’une fleur ouverte à la lumière, la continuité d’une ligne d’horizon et aussi ce don virginal, stellaire, de n’être déviée de sa route par aucun obstacle. Qui vient parler ici de légende ? La légende est une déformation. Le cas de Jeanne d’Arc est une préformation, je veux dire une prédestination providentielle, mais aussi transparent qu’un cristal, et strictement historique et concret dans ses moindres épisodes. Ceux-ci étaient d’une acuité, d’un perçant tels qu’ils ont traversé les âges sans s’altérer. Nous avons, dans certains de ses propos, jusqu’à l’inflexion de la voix de Jeanne d’Arc. Elle est une personnalité sans scories et sans ombre, un dessin de feu dans l’azur moral.

Chez une semblable nature, comme d’ailleurs chez les véritables héros du soi, l’impulsion créatrice, n’étant pas entravée par les hérédismes, agit, c’est-à-dire invente perpétuellement. Elle se porte sur les problèmes de l’art militaire, comme sur ceux de la vie en société, comme sur les autres arts, comme sur les sciences, et elle les ouvre jusqu’à leur centre. L’absence d’erreur est ici conjointe à l’absence d’hésitation. Dans tous les ordres