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L’HÉRÉDO.

tion, ou dans un autre symbole. Jonglerie parfois charmante, surtout au début, puis qui fatigue son lecteur ou son spectateur.

Un autre allusionniste était le malheureux Oscar Wilde et je n’ai pas besoin d’ajouter qu’il était un hérédo achevé, avec son masque inquiet et mou, superbe par le front, hideux par la mâchoire, son corps avachi et ses gestes prétentieux. À l’époque où je le rencontrai, je n’avais pas encore délimité nettement le rôle du soi et celui du moi, ni étudié, comme je l’ai fait depuis, le mécanisme de l’instinct génésique. Cet instinct, qui joua à Oscar Wilde les tours que l’on sait, faisait de cette brillante imagination une floraison perpétuelle d’hérédismes amers et grotesques. Il en résultait chez moi une courbature dont je ne m’expliquais pas la raison et qui me faisait chercher maint prétexte pour fuir la compagnie de ce faux charmeur. Puis, tout à coup, de ces lèvres épaisses tombait une parole sensée et juste, qui réconciliait avec le pauvre diable, et il a écrit dans sa prison quelques pages d’une réelle beauté. N’est-il pas vraiment désastreux qu’un pareil naufrage n’ait pu être évité par un traitement psychoplas-