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L’HÉRÉDO.

ment les refrène-t-il ? Par l’acceptation et au besoin par la recherche du risque. Le risque noble est une dépendance et une conséquence de l’impulsion créatrice, comme du tonus du vouloir ; au lieu que le risque vil, parodie du précédent, est une conséquence de mauvais hérédismes. Le risque noble est le sel de la vie intérieure. Je ne parle pas seulement de ces risques qui mettent la fortune, les biens, l’existence en danger. Il en est d’autres d’un ordre plus relevé : tel que celui qui consiste à extirper une de ses propres erreurs, ou à dominer une de ses tares. L’enfant qui aime à sauter d’un lieu élevé, et qui essaie son courage, deviendra un homme apte à se corriger sans faiblesse. Car il n’est pas indifférent de pratiquer l’introspection lucide. Un malaise, même physique, un vertige accompagné d’angoisse précordiale accompagnent souvent la connaissance que l’être prend alors de sa véritable situation hérédoplastique.

Un de mes amis, garçon fort remarquable, d’une trentaine d’années, était affligé d’un vice d’origine génésique et en proie à toutes les affres des hérédos, balancé entre une demi-douzaine de personnages différents, hostiles et