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L’INSTINCT GÉNÉSIQUE.

La justesse et la vérité d’une thèse philosophique ou scientifique sont d’autant plus probables que cette thèse donne la clé d’un plus grand nombre de faits d’observation ; car il est clair qu’on n’arrive jamais, dans ce domaine, à une certitude mathématique. Or la plupart des perversions sexuelles — pour l’étude desquelles je renvoie aux traités spéciaux — ont pour origine une présence héréditaire, ou un souvenir hérité, ou un hérédisme quelconque, happé et fixé par un gonflement de l’instinct génésique. Chacun de ces malades, s’il est interrogé méthodiquement et habilement, retrouvera dans sa mémoire les circonstances où telle image, qui est devenue la substance et la trame de son obsession, est tombée dans son appétit sexuel, et passée ainsi sournoisement à l’état de hantise. Combien de médecins, même spécialistes, combien de philosophes n’avons-nous pas vus donner à ces obsessions une origine inconsciente et subconsciente, donc incurable, alors que la simple observation aurait dû les mettre sur la voie de leur lourde erreur.

Sans doute, l’être humain est moralement