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CRITIQUE DE L’INCONSCIENT.

reconnaissance. Un travail, tel que celui que j’ai entrepris ici, est fait pour ouvrir les discussions, non pour les clore, pour provoquer les recherches originales, non pour les étouffer. Rien de plus odieux que les pontifes de Faculté, quand ils entendent nous imposer leurs vues étroites. J’ai souffert d’eux, je ne les imiterai point.

Qu’on ne s’y trompe pas, le succès de la doctrine de l’Inconscient est né de la fortune singulière qui fut, il y a un quart de siècle, celle de la thèse de l’irresponsabilité morale. Comment juger, réprimer ou punir ce qui était soustrait à la connaissance, ce qui se passait dans le domaine mystérieux, inconnu, déifié en quelque sorte par Hartmann et ses successeurs. Si une grande partie de l’homme échappait à l’homme, il fallait reviser, avec l’ancienne règle de la raison, la législation fondée sur cette règle. Du même coup, le domaine de l’intelligible apparaissait diminué et comme rabougri, en face du champ immense qui nous échappait au dedans de nous-même, de cette jungle impénétrable et de ces insondables abîmes. Ces clartés, que perdait la sagesse traditionnelle, nous allions