Page:Léon Daudet – L’Hérédo.djvu/119

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
111
CRITIQUE DE L’INCONSCIENT.

forte dramatique qu’est la Résurrection de Lazare. L’élan créateur est le même et vous remarquez, dans ces trois chefs-d’œuvre, peints sur la toile, ou mordus sur le cuivre, le même procédé de libération du moi par la projection de figures du même type. Ces figures-là étaient en Rembrandt, même alors qu’il les retouchait et complétait par quelques observations de l’ambiance. Elles étaient tellement en lui que, détachées, isolées, elles seraient reconnues et saluées aussitôt par le plus faible connaisseur du maître. Quant au tonus du vouloir — en dépit des vicissitudes de la biographie — il est d’une qualité souveraine, brillant et soutenu sans une défaillance, ne laissant rien au hasard, disposant les perspectives, allumant les regards, animant les mouvements avec une précision, une sérénité héroïques. Couronnant le tout, un équilibre sage fait de chacune de ces créations une haute leçon artistique et morale et comme une ouverture sur l’au-delà. Le dernier terme de la raison humaine, c’est le miracle, c’est-à-dire la reconnaissance et l’acceptation de cela seul qui la domine, puisqu’elle en est l’aboutissement. L’atmosphère miraculeuse est en