La causerie est mon plus grand plaisir. Promenade à travers les idées, vagabondage de mots et d’aspects, flânerie au fil des êtres et des choses, elle me paraît la distraction supérieure, le moment de la vie où l’on est le moins loin du rêve. Il y faut un bon partenaire. Les amateurs de ce noble jeu aiment que toutes qualités, tous défauts s’y manifestent, dans leur audace et leur couleur, que le violent se montre violent, que le ratiocinateur raisonne, que le sensitif expose nerveusement sa sensation, que le philosophe développe ses froides théories. Chaque caractère est bon, qui ne cherche point à se dissimuler, car alors la crainte de la fraude alourdit la conversation et ne lui laisse plus cette aisance fluide, imprévue et dorée, qui