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LES ROMANS ANTI-CLÉRICAUX.

de talent, et qui fuient, emportées par le galop des cavales du diable, devant le doigt menaçant et crochu de la Pourvoyeuse Misère.

À cette époque, le quartier situé derrière la ligne des théâtres du boulevard du Temple offrait, sur certains points, une physionomie sinistre.

Des rues ignobles, mal pavées, aux trottoirs étroits ou même sans trottoirs, comme la rue des Marais et la rue des Fossés-du-Temple, étaient bordées de marchands de vin habitant des maisonnettes basses, titubantes, galeuses, faites de boue et de crachat, enluminées de peinture rouge ou verte.

Là se réunissait la bohème de la bohème, les tragédiens méconnus les Thespis du cabotinage, les aspirants à la figuration, les débitants de contremarques, une foule d’industriels suspects et de travailleurs de la nuit.

La police s’intéressait à ces bouges, où il lui arriva de faire d’étranges captures.

Au milieu de cet assemblage de logis borgnes, les constructions plus soignées, petits hôtels entre cour et jardin, anciennes maisons de campagne du temps où le quartier du Temple était la banlieue, maisons de rapport élevées sous la Restauration ou sous Louis-Philippe, paraissaient déplacées et mal à l’aise.

L’architecture a ses bâtisses truandes, qui ont l’air de vouloir étouffer leurs voisines, et certains conflits de murailles ressemblent, aux heures douteuses, à des attaques nocturnes.

La demeure du docteur Carlate était une vieille bâtisse large et solide, moitié hôtel, moitié prison, percée de fenêtres cintrées défendues par des barreaux de fer, comme on en voit encore plusieurs dans ce quartier.

Sur les flancs, pareilles à des gueux donnant des crocs-en-jambe à un guichetier, s’appuyaient d’une poussée de petites maisons tortillardes, débits d’eau-de-vie de chiffons et de vin des Vendanges de la noix vomique.

C’est à la porte de cette maison du docteur Carlate que, par le brouillard épais et glacial de la nuit du 13 au 14 janvier 1861, sonnait un homme soutenant une pauvresse à demi morte, qui gémissait et claquait des dents.

Une vieille femme ouvrit.