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LES ROMANS ANTI-CLÉRICAUX.

l’image du Christ ses prunelles ardentes, dit tout bas de mystérieux mots de prière, puis, se dressant, regarda par la fenêtre entr’ouverte le magique éblouissement du ciel bleu.

Diane restait au milieu de sa chambre, immobile et les regards perdus à travers les profondeurs de l’azur.

Dans les midis flamboyants comme dans les songes illuminés de ses nuits, Diane voyait monter et grandir la silhouette miraculeuse.

Au commencement d’extase produit sur la visionnaire par l’ivresse de l’encens, s’ajoutait ce jour-là l’ivresse des parfums qui venaient de la prairie où les fleurettes dorées s’étiolaient comme une pluie d’astres.

L’herbe chantait au loin avec un doux bruit d’ailes.

La rivière cheminait, radieuse et roulant sous le soleil ses vagues de moire attisée.

Diane ne quittait pas des yeux l’horizon sur lequel elle découpait en pleine splendeur l’image fixe qui semblait peinte et modelée dans la matière même de son cerveau.

Cette image souriait à la visionnaire à travers les feuilles immobiles et sur l’immensité vibrante du ciel pur.

Diane appelait et désirait l’apparition resplendissante. La voyante sentait frémir dans tout son être un infini besoin d’amour.

Elle entendait le bruit de son cœur, le battement de ses artères, et il lui semblait que son sang charriait toutes les pâmoisons et toutes les chaleurs sauvages de l’été.

La jeune fille avait en elle le vertige de l’inexprimable, l’enivrement du mysticisme qui sent les approches d’un miracle.

Pâle comme une morte et ne paraissant vivre que d’une existence surnaturelle, Diane attendait avec une confiance extasiée la venue du maître et du Dieu.

Tout à coup, la voyante fut prise d’un tremblement convulsif.

Ô merveille ! son rêve s’incarnait !

À l’extérieur de la fenêtre, une forme humaine était apparue. Cette figure avait les traits du Christ de la chapelle.

C’étaient les mêmes yeux, la même bouche aux lèvres vermeilles encadrée d’une barbe noire et soyeuse, les mêmes cheveux longs et fins, la même expression de ravissement, le même air de puissance et de gloire.

Diane tendit les bras vers l’apparition et murmura d’une voix