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LES ROMANS ANTI-CLÉRICAUX.

Ces crises, assez rares d’abord, devinrent de plus en plus fréquentes.

Elles étaient généralement annoncées par un certain nombre de phénomènes purement physiques qui par la suite constituèrent pour Diane les éléments d’un état normal.

La jeune fille montrait une mobilité d’esprit poussée parfois jusqu’à l’irritabilité.

Elle était inquiète.

Elle ressentait des fourmillements, un besoin de s’étendre, de s’étirer, de marcher, de changer de position.

Elle pleurait ou riait sans savoir pourquoi.

Elle souffrait de longues insomnies.

Des frissons l’agitaient, accompagnés d’une chaleur brûlante à l’épigastre.

Elle avait des battements de cœur, une constriction douloureuse de la poitrine et de grands spasmes qui la prenaient à la gorge avec un roulement intérieur.

Diane ne se soignait pas.

Elle se confessait de ses souffrances.

Meurtrillon lui disait :

« Priez le Sacré-Cœur et le Sacré-Cœur vous guérira. »

Le Sacré-Cœur, en effet, la guérissait momentanément.

Après chaque apparition, Diane se retrouvait exténuée et soulagée ; mais les mêmes symptômes ne tardaient pas à se reproduire, réclamant le même remède.

L’apparition revenait toujours, infatigable.

Meurtrillon était radieux. Il comptait pouvoir recueillir le fruit de cette éducation morbide.

L’Église avait si grand besoin d’être relevée par un miracle !

Mais le prêtre tenait enfin la miraculée, la jeune fille par la bouche de laquelle le Christ lui-même allait répandre dans tout l’univers l’esprit et les enseignements de Meurtrillon.

Un incident très singulier, et dont le prêtre ne connut les causes réelles que vingt-quatre années plus tard, à la suite du décès de M. de Maurelent, vint briser les espérances que fondait sur les visions de Diane l’aumônier des Servantes de la discipline.

Les visions de Diane cessèrent, et le caractère de la jeune fille changea tout à coup.