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LA RELIGION DU CRIME.

fait peindre un Sacré-cœur tout rouge, entouré de flammes jaunes et surmonté d’une petite croix noire.

« Regardez le Sacré-Cœur… Songez à l’image du Sacré-Cœur… » répétait sans cesse Meurtrillon à Diane.

Il était d’ailleurs superflu de donner à la jeune fille ce pieux conseil.

Diane restait pendant toute la durée de la messe quotidienne en contemplation devant la toile glorieuse. Elle la revoyait sans cesse.

À tout instant de la journée, l’image du Ressuscité montait dans ses yeux, et, la nuit, elle lui apparaissait parmi les figures de ses rêves.

Cette image souriait et lui parlait.

Pour Diane, le Christ de la chapelle était vivant.

Meurtrillon suivait avec une attention persistante, avec une sollicitude de chaque jour les progrès que faisait son élève dans la voie de l’amour divin.

Après quatre ans d’exercices pieux, Diane était arrivée à la période de l’extase facultative.

Jeûnant trois fois par semaine, et les autres jours ne prenant pas assez de nourriture pour vivre, mais en prenant encore trop pour mourir, la jeune fille était en proie à une sorte d’exaltation cérébrale qui donnait à ses yeux brillants un air inspiré.

Elle avait à tel point dompté, neutralisé ses sens, qu’elle touchait parfois à la perfection suprême qui consiste, comme on le sait, à se débarrasser de la conscience, c’est-à-dire de la connaissance de tout rapport entre l’âme et ce qui n’est pas elle.

Sa figure pâlie resplendissait alors du reflet de la joie intérieure.

On eût dit que la voyante allait s’élancer dans l’immensité. Des mots entrecoupés sortaient de ses lèvres.

Une éclatante et délicieuse lumière la baignait de caresses ineffables.

Les vagues d’une harmonie céleste la roulaient à travers l’océan de l’extase.

La divinité lui apparaissait dans toute sa splendeur.

Diane voyait descendre, vêtu de gloire, le Christ de la chapelle. Le Dieu superbe lui souriait passionnément et faisait avec le cœur palpitant de la visionnaire l’échange de son cœur ensanglanté.

Alors Diane sentait tout son être se fondre dans un immense ravissement.