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LA RELIGION DU CRIME.


CHAPITRE VII

LE BATTEUR DE DIG-DIG

Arthur Angedemer et l’abbé Meurtrillon étaient sortis ensemble de chez Bec.

Comme une assez forte pluie tombait, le gérant de l’hôtel Gigondas et l’ancien aumônier des Servantes de la discipline étaient restés sous la porte cochère et causaient ensemble depuis un quart d’heure.

Bec, on se le rappelle, avait dit à Meurtrillon qu’Arthur pourrait lui donner quelques renseignements sur Jeanseul.

— Alors, disait Meurtrillon au bel Arthur, le caractère de ce Jeanseul peut, d’après vos renseignements, se résumer dans ces deux mots : Amour et Bienfaisance.

— Ce sont, en effet, dit Arthur, les deux préoccupations de ce bon naïf.

— Vous êtes sûr que Jeanseul aime Mme Cingali ?

— Sacabre l’affirme, et le gaillard a pendant trop longtemps frétillé chez Mme Cingali pour ne pas savoir à quoi s’en tenir au sujet du jeune homme auquel nous avons maintenant tant de motifs de nous intéresser.

— Et en quoi consiste la bienfaisance de Jeanseul ? Que fait-il ?

— Il visiterait les taudis des quartiers pauvres et jouerait les « petit manteau bleu », grâce à une rente de quatre cents francs par mois venant de je ne sais quelle source, et qu’il gaspille sottement en libéralités. Vingt jours sur trente il serait plus pauvre que Job, ce personnage biblique dont la consolation suprême était de s’asseoir sur des tessons.

— Jeanseul jouit en effet d’une rente mensuelle de quatre cents francs, dit Meurtrillon. J’ajouterai que c’est moi qui suis chargé de lui transmettre l’argent à partir du mois prochain.

— Voilà qui peut nous être utile, fit observer Angedemer. Mais le difficile est toujours pour moi, ajouta le bel Arthur, de relier connaissance avec Jeanseul.

— Ne vous occupez-vous pas aussi de « ceux qui souffrent » ? dit