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LA RELIGION DU CRIME.

Et, prenant la petite fille dans ses bras, Cingali se dirigea vers le fond de la boutique.

En ce moment, une voix limpide, claire et gaie, une belle voix d’enfant, au timbre pur, se fit entendre.

Pierre Lablaude venait d’entrer en criant :

— Ça y est !

En même temps, il brandissait dans sa menotte une poignée de crins longs et roux.

Clairette, qui s’était sentie envahie par une violente envie de pleurer, se mit à rire et à battre des mains.

— Ah ! ah ! cria-t-elle… les cheveux du lion ! C’est gentil, mon petit Pierre !

Cingali était si content de voir revenir l’apprenti, qu’il ne le gronda que pour la forme.

— Mais comment cet enfant s’y est-il pris ? demanda Mme Cingali. Arracher une poignée de crinière à un lion, voilà qui me paraît bien fantastique.

— Je me suis approché tout doucement de la cage, dit le petit Pierre. Le lion était couché. Je l’ai tiré par les cheveux et c’est lui qui a eu très peur.

Mme Cingali remarqua que l’apprenti avait sur le visage une longue éraflure superficielle.

— Quelle est cette marque de griffe ? demanda-t-elle vivement.

— Oh ! ce n’est rien, répliqua Pierre.

— Il n’était pas content, le lion, dit la petite Marguerite.

— Pas content du tout, répondit Pierre ; mais c’est le dompteur qui s’est élancé sur moi et qui m’a griffé.

Au cours de cet incident rapide, Georgette était restée immobile, attendant qu’on s’occupât d’elle.

— Je vous demande pardon, dit Mme Cingali à Georgette.

Puis, désignant le petit Pierre :

— Ce gamin de Paris nous a complètement ahuris avec ses histoires.

Et Mme Cingali ajouta :

— Que désirez-vous ?

En entendant prononcer le nom de Pierre Lablaude, Georgette avait pensé avec un serrement de cœur au pauvre chaîniste que venait de renvoyer Bec.