Page:Léo Taxil et Paul Foucher - La religion du crime.djvu/59

Cette page a été validée par deux contributeurs.
55
LA RELIGION DU CRIME.

Un groupe, au milieu duquel un homme se tordait à terre, écumant, les yeux convulsés, s’était formé sur le trottoir faisant face à la boutique des Cingali.

Jeanseul se baissa, prit à bras le corps le forcené qui se débattait et, l’immobilisant dans une vigoureuse étreinte, tourna le coin de la rue, portant son fardeau et suivi par la foule.

Mme Cingali rentra chez elle sans remarquer un fait qui d’ailleurs ne l’eût peut-être point frappée : à l’extrémité de la rue, un prêtre de haute taille était debout sous la nuit.

Immobile dans sa soutane noire, il regardait le groupe qui s’éloignait.


CHAPITRE VI

GEORGETTE

Congédiée de l’atelier Bec, Georgette s’était d’abord dirigée du côté de la rue des Marais, où se trouvait la chambre qu’elle habitait.

Désespérée, honteuse d’elle-même, elle marchait rapidement, croyant que tous les yeux étaient fixés sur elle.

Elle rencontra deux ou trois personnes qui riaient. Elle pensa d’abord qu’on se moquait d’elle et pressa davantage le pas.

Elle se regardait furtivement dans les glaces des devantures, se disant :

— Qui me donnera du travail maintenant ? Je n’oserai plus me présenter dans un atelier. J’ai de quoi vivre pendant quelques jours, mais après ?

Tout à coup, Georgette s’arrêta, puis revint sur ses pas, lentement. Une idée l’avait frappée : elle avait pensé aux Cingali.

Ceux-ci étaient de bons patrons, connus pour la générosité de leurs sentiments. Elle parlerait à Mme Cingali. Elle lui avouerait sa faute.

Mme Cingali ne refuserait certainement pas de lui fournir de l’ouvrage.

L’aveu était pénible à faire, mais Georgette était décidée à tout.

Elle songeait au pauvre petit être dont le cœur battait en elle et qu’elle sentait déjà remuer dans ses flancs.

— Oui, disait-elle, je travaillerai jusqu’à la dernière heure de ma