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LA RELIGION DU CRIME.

Jeanseul regarda longuement la jeune femme.

Blanche était une brune adorablement jolie.

Ses yeux, ombragés de longs cils noirs, étaient d’un charme et d’une douceur inoubliables.

Leur image bienveillante et mystérieuse vous restait dans la pensée comme un sourire de chaste caresse.

Le teint de Mme Cingali était d’une pâleur mate et translucide.

On l’eût dit baigné par la clarté discrète d’une chaude lumière intérieure.

Blanche avait une bouche délicieuse, fière et rose. Ses dents petites, bien rangées, faisaient rayonner autour d’elles les couleurs joyeuses du sourire.

Sa taille était svelte, ses gestes gracieux.

Mme Cingali avait des poses de chatte et des caprices d’oiseau.

On se sentait bien auprès de la jeune femme. Elle avait tout pour qu’on l’aimât.

Elle était belle, charmante et bonne, un peu taquine parfois, mais sans aigreur et par folâtrerie.

Elle s’attendrissait pour un rien.

Jeanseul ne pouvait se lasser de la regarder, et son regard contenait tout ce que le respect peut renfermer d’adoration.

Maximilien s’était épris pour Blanche d’une de ces passions profondes et loyales qui suffisent à remplir toute une existence humaine et qui sont à l’amour des sens ce que l’infini du ciel est à la terre grise et bornée, ce que l’idéal est au réel.

Blanche était la religion de Maximilien.

Elle était comme son amante et comme sa sœur.

Il aurait voulu lui donner sa vie, sa force, son intelligence, toutes les chansons de son âme, tout le sang de ses veines.

L’aveugle hasard avait séparé ces deux êtres qui semblaient faits pour vivre mêlés l’un à l’autre dans l’éblouissement de la tendresse.

Jeanseul avait connu Mme Cingali trop tard.

Elle était mariée depuis quatre ans déjà. Blanche appartenait à une famille noble, la famille des Lynch, mais ne la voyait plus.

On trouvait qu’elle s’était mésalliée.

Son mari, cependant, était un caractère généreux, un honnête homme dans toute l’étendue superbe de ce simple mot.