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LES ROMANS ANTI-CLÉRICAUX.

L’ultimum moriens, le cœur ne battait plus.

La comtesse poussa un cri terrible et se jeta sur le corps de son mari.

— Venez, saints de Dieu ; accourez, anges du Seigneur, dit l’abbé Meurtrillon ; recevez cette âme et présentez-la devant le Très-Haut.

Et, en continuant à lire la prière des malades expirés, Meurtrillon ne quittait point la comtesse.

Celle-ci s’était mise à genoux, cachant son visage entre l’épaule et la tête du mort ?

Elle sanglotait et disait : « Ah ! mon Dieu ! mon Dieu ! » Mais ses sanglots avaient quelque chose d’excessif et de forcé.

Tout à coup, la comtesse releva la tête.

— Est-ce vrai ?… demanda-t-elle au docteur. Est-ce vrai que le comte soit mort ?

— Hélas ! dit le docteur en faisant un geste affirmatif.

Les yeux de Mme de Maurelent étaient brillants et secs. Meurtrillon regarda le docteur, et lui dit :

— Laissez-nous.

Carlate sortit en s’inclinant.

La comtesse jeta sur le prêtre un regard d’étonnement.

— Que signifie ?… demanda-t-elle.

L’abbé Meurtrillon se leva et regardant fixement la comtesse :

— Cela signifie, dit-il d’une voix brève, qu’il se passe ici des événements singuliers.

— Quels événements ?

— Écoutez-moi, madame, répondit le prêtre avec autorité en s’avançant vers la comtesse de Maurelent. Je vous connais depuis votre enfance et je suis habitué à suivre sur votre visage les impressions qui s’y succèdent. Je sais comment vos traits expriment la douleur ou la joie. Or, près de ce lit funèbre, et Dieu présent, vous venez de jouer la comédie.

Mme de Maurelent poussa une exclamation de surprise.

— Ne cherchez pas à nier, dit fougueusement l’abbé Meurtrillon. C’est mon droit de vous parler ainsi, car j’ai le devoir de sauver votre âme. Je ne veux point savoir comment est mort M. de Maurelent ; mais ce que je sais maintenant, c’est que vous souhaitiez sa mort et que vous aviez intérêt à ce qu’il mourût.