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LA RELIGION DU CRIME.

En s’ouvrant, la porte n’avait fait aucun bruit. Meurtrillon s’arrêta sur le seuil, regardant Mme de Maurelent.

Celle-ci avait les yeux fixés sur son mari. Elle semblait ne rien voir, sinon la face livide du vieillard. Elle semblait ne rien entendre, sinon la respiration pénible du mourant.

Elle avait l’air d’épier.

On eût dit qu’elle écoutait si quelque frôlement d’aile sombre ne palpitait pas au-dessus de cette couche d’agonie.

Elle ne veillait pas, elle guettait.

Pendant quelques secondes, le bruit de la respiration du malade sembla s’éteindre.

Alors, Mme de Maurelent eut sur les lèvres une sorte de sourire.

— Voilà qui est, en effet, très singulier, se dit Meurtrillon.

En ce moment, la comtesse aperçut le prêtre. Elle tressaillit, devint rouge et fut un moment comme interdite.

Elle se leva, cependant.

Le doigt de la main gauche sur la bouche, elle désigna de la main droite le vieillard qui sommeillait.

Meurtrillon, d’ailleurs, glissa plutôt qu’il ne marcha jusqu’auprès du lit.

Il serra silencieusement la main de la comtesse et, s’asseyant au chevet du mourant, ouvrit son bréviaire, tandis que Mme de Maurelent reprenait dans son livre d’heures la lecture d’une prière interrompue.

La pièce où venait d’être introduit l’abbé Meurtrillon était une salle spacieuse chauffée par une vaste cheminée dont le manteau, qui s’élevait jusqu’au plafond, était couvert d’une tapisserie aux armes de Maurelent et soutenu par deux jambières représentant des captifs enchaînés.

Dans l’âtre flambaient d’énormes bûches posées sur des chenets de cuivre figurant deux salamandres se menaçant, gueule ouverte.

Autour de la pièce, des armures géantes étaient rangées le long des murailles garnies de tapisseries.

En attendant que M. de Maurelent se réveillât, l’abbé Meurtrillon regardait lentement, une à une, ces admirables œuvres dont la plupart dataient de l’époque où les tapisseries de Poitiers jouissaient d’un grand renom, c’est-à-dire de Guillaume IV, comte de Poitiers.

Ces merveilles semblaient plutôt créées par un miracle que par la main des hommes.

Les tons en étaient si soigneusement montés que l’affaiblissement