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LES ROMANS ANTI-CLÉRICAUX.

— De plus en plus mal, dit celui-ci.

— Où est-il ?

— Il s’est fait transporter dans la salle aux armures, au milieu de ses ancêtres. Néanmoins, il ne croit pas qu’il va mourir.

— C’est mon devoir de prêtre de le lui apprendre, dit Meurtrillon, qui ajouta vivement :

— Et la comtesse ?

— Elle hérite.

— De combien ?

— De deux millions.

— Le docteur Carlate est ici ?

— Depuis hier.

— Il est seul à soigner le comte ?

— Seul.

— C’est bien, dit Meurtrillon.

Puis, après un instant de silence, en appuyant sur chaque syllabe et en lançant à Firulard un regard aigu :

— Madame de Maurelent est en bonne santé ?

— Oui, répondit Firulard.

— Croyez-vous que la mort du comte ne lui porte pas un coup terrible, demanda Meurtrillon en regardant fixement l’homme de confiance.

Et comme Firulard cherchait à deviner la pensée du prêtre, celui-ci dit lentement :

— Il est des arrachements auxquels on peut ne pas survivre, et l’on voit parfois la veuve suivre son mari dans la mort.

Il y eut un moment de silence que Meurtrillon rompit.

— Eh bien ? demanda-t-il d’un ton impérieux.

Mme la comtesse de Maurelent, répondit Firulard en s’inclinant, se portera par la suite… comme il vous plaira.

— Je vois avec plaisir, dit froidement le prêtre, que Firulard se souvient du frère Catastus.

Catastus, répliqua Firulard, veut dire esclave. Je suis votre esclave, et vous êtes mon maître. Je vous obéirai les yeux fermés. Tout pour vos amis, tout contre vos ennemis.

— Il suffit, dit Meurtrillon, je vois que votre zèle est sincère… Allons maintenant chez le comte.

Firulard et Meurtrillon traversèrent lentement le jardin, et, mon-