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LA RELIGION DU CRIME.


CHAPITRE LXXX

LE SERPENT À DEUX TÊTES

Le savant Italien Redi parle d’un serpent monstrueux pris sur les bords de l’Arno et qui avait deux têtes et deux cous sur une seule colonne vertébrale.

Le corps de Meurtrillon fut en quelques secondes entouré par les spirales du serpent.

Étendu à terre, lié dans cette hélice où ses os craquaient, ses yeux sur les yeux du reptile, sa bouche haletante respirant l’haleine empestée du monstre, Meurtrillon comprit que sa dernière heure était venue.

Le reptile était épouvantable.

Meurtrillon, rendu vert par la terreur, était peut-être plus affreux.

Quant au groupe formé par ces deux monstres, l’homme et la bête, l’évêque et le reptile, il dépassait ce que la légende a imaginé de plus terrifiant.

On eût dit un serpent à deux têtes.

Chose singulière : le reptile semblait jouer avec sa victime. Il ne se hâtait point de la broyer. Il se contentait de la tenir serrée comme dans un ressort, lui passant seulement sur la face une salive gluante qu’il dardait sur la largeur de sa langue à deux pointes.

Une espérance folle passa par la tête de Meurtrillon.

Il se souvint que les Psylles d’Égypte font tomber les serpents en catalepsie en leur tenant les mâchoires serrées pendant un certain temps.

Telle était la puissance de volonté du prêtre, que son regard parut un moment fasciner le boa.

Meurtrillon, d’un geste rapide, dégagea ses deux bras et saisit de ses mains désespérées les mâchoires du monstre.

Une lutte inouïe s’engagea.

Le serpent essayait de broyer les côtes du prêtre, le serrant de toute la force de ses quatre cent vingt-deux vertèbres.

Le prêtre essayait de paralyser le serpent.