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LES ROMANS ANTI-CLÉRICAUX.

— Oh ! je ne souhaite la mort de personne, dit Bec avec vivacité.

Puis il ajouta rapidement, presque à voix basse :

— Nous ne serions pour rien dans ce cadeau d’étrenne…

— Pour rien… répondit le prêtre. La vie est semée de hasards étranges. On s’en empare, laissant le soin du reste à Dieu, qui veille sur son Église immortelle.

Bec avait baissé les peux, réfléchissant.

Quand il releva la tête, quand son regard rencontra le regard de Meurtrillon, les deux scélérats étaient d’accord.



CHAPITRE III

ARTHUR ANGEDEMER

Le bel Arthur, que nous avons vu fuyant Georgette, remontait l’étage conduisant à l’appartement.

Il rentra de nouveau dans le salon, du pas leste et satisfait d’un homme qui vient d’échapper aux suites d’une rencontre désagréable.

— Vous avez été bien imprudent, mon cher patron, dit-il gaiement à Bec, de laisser l’abbé Sacabre visiter vos ateliers. Comme j’ai de la littérature, je vous dirai sans ambages que Renaud dans les jardins d’Armide, Hercule aux pieds d’Omphale, Antoine chez Cléopâtre et M. le sénateur Vermuel chez Mme Blanche d’Ylang-Ylang ne pouvaient être plus pâmés que l’abbé Sacabre parmi ces demoiselles.

Et il conclut du ton grave d’un philosophe :

— La dignité ecclésiastique se compromet fatalement quand elle échoue dans le polissage.

L’abbé Meurtrillon ne quittait pas des yeux le bel Arthur.

Le cynisme de l’aimable jeune homme l’intéressait.

— Quoi de nouveau ? demanda Bec.

Puis, désignant Meurtrillon :

— Vous pouvez maintenant parler devant M. l’abbé. Il est au courant de nos affaires.

— De toutes ? interrogea Arthur avec un sourire.

— De toutes, répondit Bec.

— Eh bien ! dit Arthur, nous n’aurons pas à nous plaindre. L’hôtel