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LA RELIGION DU CRIME.

Mais à quoi bon protester maintenant ? Il était trop tard.

Le mieux était encore de se prêter à la comédie où l’abbé Meurtrillon lui donnait en somme un rôle acceptable.

Il fallait prendre son parti de sa défaite.

Plus tard on ferait miroiter une autre commande aux beaux yeux de Mme Cingali.

C’est égal… Ce Meurtrillon était un homme habile, résolu, dangereux…

Le premier moment de dépit passé, l’abbé Sacabre ne put se défendre de regarder son confrère avec une certaine admiration.

Les racontars de Bec furent interrompus subitement par un fort coup de sonnette.

Il y eut un moment de silence, puis la porte s’ouvrit et une tête coiffée à la Bressant parut dans l’entrebâillement.

— Tiens ! dit Bec, c’est le bel Arthur… Entrez donc !

— Bonsoir, messieurs, dit Arthur. Je ne vous dérange pas ?…

— Vous arrivez à merveille, au contraire, répliqua Bec. Voilà M. l’abbé Sacabre qui désire visiter nos ateliers. Servez-lui de guide.

— C’est que j’aurais à vous parler, répliqua Arthur à mi-voix.

— Eh bien ! vous me parlerez tout à l’heure… Vous remonterez. Le bel Arthur s’inclina.

L’abbé Sacabre se leva, dit : « Je reviens », et suivit son guide.

Bec et Meurtrillon restèrent seuls au coin du feu.

— Mon cher abbé, demanda Bec après un silence, comment se fait-il que vous vous soyez rendu à Poitiers ? Serait-ce uniquement pour ce diadème ?

L’abbé Meurtrillon tira de sa soutane un papier encadré de noir, et le tendant à Bec :

— Lisez cela, dit-il.

Bec déplia le papier et s’écria avec un geste de surprise :

Mme de Maurelent est veuve !

— M. de Maurelent est enterré d’hier.

— À qui laisse-t-il sa fortune ?

— À sa femme.

— Combien ?

— Deux millions…

— Qui reviendront à l’Église, dit Bec.

— Peut-être, repartit Meurtrillon.