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LES ROMANS ANTI-CLÉRICAUX.

Puis, se tournant vers l’abbé Sacabre :

— Venez, monsieur l’abbé… D’ailleurs, ajouta-t-il avec fatuité, je connais toutes ces demoiselles.

— Toutes, c’est beaucoup… Mettez quelques-unes, dit la voix stridente d’Aimable la Bosse.

Le bel Arthur ne répondit pas. Il se dirigea vers Irma :

— Cette jolie brune, dit-il, est Mlle Irma, une bonne fille, monsieur l’abbé.

— Pour vous servir, dit Irma gaiement.

L’abbé s’inclina en accentuant son sourire lippu.

— Elle est en train, comme vous le voyez, de polir une parure… pour Mme de Salmz, je crois.

— J’ai l’honneur de beaucoup connaître Mme de Salmz… une pieuse dame, dit l’abbé Sacabre en levant les yeux au ciel.

Puis, s’adressant à Irma :

— Alors, vous polissez ?

— Je polis, comme vous le voyez.

— Avec une polissoire ?

— Non… ça s’appelle un cabron.

— Un cabron, dit l’abbé. Oh ! mais, je vais m’instruire. Et nunc erudimini…

— Le cabron, dit Irma, c’est pour les surfaces plates. Dans les trous on polit avec un fil. Ainsi, vous voyez… Voilà un petit trou… Pour le polir, j’y fourre un petit fil… Et je frotte.

— C’est très curieux, dit l’abbé d’un air de conviction profonde, en regardant tour à tour le petit trou désigné et les grands yeux brillants d’Irma.

Irma était une brune de vingt ans, maigre, nerveuse et très chatte.

Elle avait des yeux expressifs, de belles dents, de beaux cheveux et un joli signe bien placé sur la joue droite.

Malgré le costume disgracieux de la corporation, elle était coquette ; elle sentait bon.

Elle avait dans le cou des petits frisons. L’abbé les remarqua. Il eut de la peine à quitter ce professeur de polissage.

Cependant il dut s’y décider, et il examina tour à tour, d’ailleurs préoccupé d’autre chose, le travail de chacune des ouvrières.

Il y avait là des bijoux de toutes sortes, bagues, colliers, broches,