Page:Léo Taxil - Les trois cocus.pdf/222

Cette page a été validée par deux contributeurs.
210
LES TROIS COCUS


CHAPITRE XXIX

AUTOUR D’UNE SOURCE MIRACULEUSE


Miraculée, être miraculée, tel était le rêve de Scholastique. Lâcher d’un cran Irlande et Scholastique pour aller batifoler un brin avec les Maçonnes de l’Amour, tel était le rêve de l’abbé Groussofski ; nous donnerons désormais ce nom au pompier ensoutané, puisque c’est sous ce nom seul qu’il est actuellement connu de tous.

Notre aumônier des vieilles filles voyait à deux pas de lui « ses nièces » sous la conduite de Chaducul et du curé de Saint-Germain, et il ne pouvait pas aller faire « le neveu » avec elles, sous peine de compromettre sa situation.

Pendant le voyage, il s’était risqué à dire une ou deux fois à ses compagnes décharnées :

— Voilà des jeunes filles bien édifiantes !

Il aurait voulu se faire autoriser à aller lier connaissance avec elles, le pèlerinage justifiant cette familiarité : mais Irlande et Scholastique étaient sourdes quand on leur parlait de jeunesse ; elles firent donc semblant de ne pas avoir entendu.

Toutefois, l’abbé Groussofski, à une station, eut le temps d’échanger quelques mots avec son collègue Chaducul, qui était descendu du train pour acheter une petite gourde remplie de cognac :

— À quel hôtel descendez-vous ?

— Au Grand Hôtel de la Chapelle, parbleu !

— Pourquoi votre parbleu ?

— C’est celui tenu par Soubirous.

— Soubirous !… qu’est-ce que c’est que ça ?

— On voit bien que vous arrivez de Varsovie… Cependant, le miracle de Lourdes est connu du monde entier…

— Oui, je sais… une bergère… la sainte Vierge…

— Eh bien, la bergère à qui la sainte Vierge est apparue se nomme Bernadette Soubirous.

— Ah ! j’y suis !… Alors, vous allez loger chez la bergère ?… Farceur !