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LES TROIS COCUS


CHAPITRE XXVIII

COMMENT L’ÂME DE SÉLIKA PRIT SON VOL


Quel voyage ! Quel voyage ! il faudrait être Homère ou Virgile pour le décrire avec tous ses détails bizarres.

Comment raconter les divers incidents qui se produisirent dans les compartiments occupés par les personnages que nos lecteurs connaissent ?

Le compartiment de Chaducul fut surtout le théâtre de plusieurs scènes assez curieuses ; mais n’insistons pas.

La situation la plus difficile était celle de Laripette.

Il eut soin, fort heureusement, de tirer le rideau abat-jour sur la lampe du wagon, de façon à donner une obscurité complète. Quand il pressait le genou de Marthe ou de Gilda, il avait besoin de ne pas être surpris par Pauline, et, quand il cueillait un baiser silencieux sur les lèvres de la colonelle, il ne fallait pas que la présidente et la plumassière pussent s’en apercevoir.

Dans ce wagon, la nuit fut donc relativement calme.

Le jour parut. Partout on admirait le beau paysage qui se déroulait rapidement sous les yeux émerveillés des voyageurs du train.

À Toulouse, il y eut un arrêt important. Il s’agissait de donner aux voyageurs le temps de déjeuner au buffet.

Mme Mortier, tout en avalant à la hâte un potage bouillant, se demandait quel était ce troupeau de jolies pèlerines dont ses deux confesseurs s’étaient constitués les bergers.

Chaducul, particulièrement, l’intriguait.

Jamais le vicaire de Saint-Germain-l’Empalé n’avait été aussi frétillant.

Il sautait au cou de toutes les dames qui se trouvaient au buffet, sur le quai, dans les salles d’attente. Il les embrassait avec effusion, et s’excusait immédiatement auprès de chacune en disant :

— Je vous demande mille pardons, madame ; mais je