produit quelconque réussisse, il lui faut une forte réclame… Faites donc de la publicité et mettez, en annonce vos sentiments de moralisation…
— Tiens, vous avez peut-être raison, ma foi.
Après avoir mûri la chose, le président a donc loué à une agence de publicité tout un mur de maison bien en vue dans le quartier latin, et il a fait peindre à ses frais, en grandes lettres blanches sur fond bleu, de salutaires conseils aux étudiants et aux grisettes. Cela lui coûte vingt francs par an et par mètre carre, et il a inscrit à son budget une gigantesque annonce d’une quarantaine de mètres carrés.
Ne croyez pas que l’auteur de ce récit invente. L’annonce moralisatrice du président Mortier existe, comme j’ai l’honneur de vous le dire, et tous nos lecteurs peuvent aller la voir. Elle est située à l’angle de la rue Soufflot et de la rue Saint-Jacques, tout auprès du Panthéon ; elle occupe la superficie d’une immense muraille : cinq mètres et demi de largeur sur sept mètres de hauteur.
Voici le libellé textuel de cette phénoménale annonce :
Celui qui achète et avilit la femme, la fille ou la sœur d’un autre, voudrait-il que l’on traitât de même sa femme, sa fille ou sa sœur ?
La vie morale est une lutte noble, et non un asservissement honteux. Si l’AMOUR IDÉAL élève l’homme, l’AMOUR BESTIAL le ravale !
Au nom de l’honneur ! au nom de la Patrie ! au nom de vos familles ! au nom de vos souvenirs d’innocence ! au nom de votre salut éternel !
Demandez grâce au SAUVEUR qui pardonne
et qui purifie, et il vous relèvera.