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MŒCHIALOGIE

La délectation organique est celle qui, disent les docteurs, a lieu sans aucun mouvement déréglé, qui, sans aucune commotion du sens génital, vient de la seule proportion de l’objet avec le sens ou de la conformité de l’objet vu ou touché avec l’organe de la vue ou du tact.

D’où il suit, comme dit Billuart[1], que celui-là ne pèche que véniellement, qui regarde une belle femme, ou touche sa main ou son visage en vue précisément de la délectation purement organique ou sensuelle. La délectation organique peut encore avoir lieu dans un baiser donné à un bel enfant…

… De la délectation sensuelle à la vénérienne, surtout dans le sens du tact ou de la vue, il n’y a qu’un pas, dit Billuart.

D’autres théologiens, entre autres saint Liguori, prétendent, avec quelque modification pourtant, qu’il n’y a pas légèreté de matière dans la délectation sensible ou naturelle, si, par exemple, on se délecte au contact d’une main de femme, comme à celui d’une chose douce, d’une rose, d’une étoffe de soie, ou autres choses semblables… La raison en est que les attouchements d’une jeune fille ou d’un jeune homme, en tant qu’ils délectent les sens, tendent naturellement à la pollution… parce que, à cause de la corruption de la nature, il est moralement impossible d’éprouver cette délectation naturelle, sans que la délectation charnelle et vénérienne soit ressentie, surtout par les personnes aptes à la copulation, et surtout si ces actes sont accompagnés de quelque affection et complaisance…



  1. Le R.-P. Charles-René Billuart est un célèbre théologien et prédicateur, né en 1685, mort en 1757. Il était provincial de l’Ordre des Dominicains, c’est-à-dire le chef des dominicains de France.