pect filial que par la politesse, lui répondit avec impertinence :
— « Femme, qu’y a-t-il de commun entre vous et moi ? »
Ces paroles, plus que grossières, l’Évangile a le sang-froid de les rapporter (Jean, chap. II, vers. 4), comme s’il s’agissait d’une réplique toute naturelle d’un fils à sa mère.
Notez qu’elles ne sont pas seulement le fait d’un goujat, mais encore d’un fieffé idiot. À la rigueur, Jésus aurait pu dire à Joseph, s’il avait été là : « Il n’y a rien de commun entre nous deux » ; mais à sa mère !… Quelle monument d’inepte polissonnerie !
J’en appelle à tous les pères et à toutes les mères : est-ce que cela ne méritait pas une solide paire de calottes ?
Une seule excuse peut militer en faveur de Jésus : c’est qu’il devait avoir ingurgité un peu trop d’apéritifs avant d’entrer dans la salle du banquet, et qu’il avait en conséquence la tête pas mal échauffée.
N’importe ; Marie était faible, comme beaucoup de mères. Elle se contenta de se retourner vers l’amphitryon et ses domestiques, et elle leur dit :
— Ma foi, ne le contrariez pas, laissez-le faire.
Toute la sainte séquelle s’installa donc à la table des invités. Cet André, ce Simon, ce petit Jean, ce Philippe et ce Barthélemy, que personne n’avait jamais vus et qui n’avaient pas reçu la moindre lettre de faire-part, s’assirent carrément au milieu des gens de la noce.
Avec des malotrus de cette force, on pense si les bouteilles furent vile mises à sec. Au bout de quelque temps, tout le monde demandait du vin.
Jésus, qui avait le gosier altéré comme les autres, éprouva alors le besoin de faire jouer les ficelles de sa toute-puissance : il résolut de mettre sa divinité à profit pour exécuter un miracle, qu’en somme il devait bien aux assistants.
Il y avait là six grandes urnes de pierre, que l’on remplissait d’eau à la fin du repas, pour que les convives pussent se laver les mains.
Le Christ appela les serviteurs et leur dit :
— Emplissez les urnes d’eau.
Et les serviteurs remplirent d’eau les urnes jusqu’au bord.
— Maintenant, continua Jésus, puisez dans les urnes, et portez à boire à tout le monde.
Et les serviteurs lui obéirent encore.
Ô prodige ! l’eau avait été transformée en vin, et en vin exquis, s’il vous plaît.
Le beau-père, sur le coup, crut que le tour venait de son gendre, qui avait ménagé à ses invités une surprise.
Il lui dit donc :
— Mes compliments ! Vous n’êtes pas comme les autres, vous ! Les autres servent d’abord leur bon vin, et puis, quand chaque convive a son compte, ils font servir un vin de rebut, à