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LA VIE DE JÉSUS

Toujours est-il qu’André et Jean, le joli garçon, furent enchantés de leur nouvelle connaissance. André en parla même à son frère Simon, pêcheur comme lui, et l’amena à Jésus.

Celui-ci l’interpella en ces termes :

— Vous êtes Simon, fils de Jonas, n’est-ce pas ? À dater d’aujourd’hui, je change votre nom. Vous vous appellerez Céphas, c’est-à-dire pierre.

Simon accepta de s’appeler caillou.

Le lendemain, Jésus, toujours sur les bords du Jourdain, rencontra un quatrième galiléen nommé Philippe. Il était de Bethsaïde, le village d’André et de Pierre.

— Suis-moi, lui fit Jésus ; qui m’aime me suive !

Philippe suivit.

Enfin, un nommé Nathanaël, fils de Tolmaï (Bar-Tolmaï, d’où l’on a fait Barthélemy), se joignit à la petite troupe sur les exhortations de Philippe.

Quand on le lui présenta, Jésus dit :

— Pour le coup, voilà un vrai israélite ; il me plaît, cet homme-là.

— Tiens, objecta Barthélemy, d’où me connaissez-vous ?

— Avant que Philippe t’appelât, répondit Jésus, je t’ai vu.

— Quand ça ?

— Il y a déjà quelque temps.

— Où donc ?

— Eh ! eh ! sous le figuier[1].

« Évidemment, dit notre théologien commentateur, Jésus faisait allusion à quelque action accomplie sous un figuier avant l’appel de Philippe, action secrète pour nous, mais connue de lui et de Barthélémy. En la rappelant, le Seigneur se révélait comme le voyant divin à qui rien ne peut être caché. »

— Bigre ! s’écria Barthélemy, vous êtes fort, vous ! Décidément, vous êtes le Fils de Dieu, le roi d’Israël !

Jésus poursuivit :

— Ah ! mon gaillard, je t’épate. Parce que je t’ai dit que je t’avais vu sous le figuier, tu crois. Tout cela n’est rien. Laisse-moi faire, et tu verras de bien plus grandes choses.

— Qu’est-ce que je pourrais bien voir encore ? demanda Barthélemy.

Et les autres disciples interrogeaient aussi le Christ d’un regard curieux.

— Vous verrez… je vous le donne en mille… vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu monter et descendre sur moi[2].

Les disciples bondirent de joie à la promesse de ce beau spectacle.

Dès lors, Jésus avait formé son noyau d’apôtres : André, Jean le bien-aimé, Simon-Caillou, Philippe et Barthélemy.

  1. Jean, chap. I, verset 48.
  2. Jean, chap. I, vers. 49-50.