Page:Léo Taxil - La Vie de Jésus.djvu/71

Cette page a été validée par deux contributeurs.
69
LA VIE DE JÉSUS

Jean continua :

— Je ne le connaissais pas, le divin agneau. Mais il vient après moi, et il est au-dessus de moi, parce qu’il était avant moi.

— Vous l’avez déjà dit, fit observer quelqu’un.

— Cela ne fait rien, je le répète. Et si vous me demandez pourquoi je baptise dans l’eau, sachez que c’est afin que l’agneau soit connu de tout Israël.

On faisait cercle autour de Jean. Cette foule de curieux qui s’amassait l’encourageait à beugler de plus belle.

— J’ai vu le Saint-Esprit, poursuivit-il, je l’ai vu, je l’ai vu ; un pigeon est descendu du ciel sur l’agneau et est demeuré sur lui. Pour moi, je vous en donne ma parole la plus sacrée, je ne le connaissais pas ; mais celui qui m’a envoyé baptiser m’avait dit : « Quand le pigeon descendra sur l’agneau, c’est que l’agneau sera le fils de Dieu[1]. »

Personne n’ayant compris que Jean voulait parler de Jésus, on s’en alla, en commentant diversement la folie du baptiseur.

Le surlendemain, Jean-Baptiste était encore là avec deux pêcheurs galiléens : André, fils de Jonas, et Jean, fils de Zébédée ; ce dernier était un tout jeune adolescent, aux longs cheveux blonds, joli comme un cœur.

Passa Jésus. Le baptiseur, cette fois, désigna du geste le fils de Marie, en répétant sa ritournelle :

— Vous le voyez, ce grand châtain-clair qui se balade là-bas ?… Eh bien, c’est lui qui est l’agneau divin dont je vous parle tant.

Jean et André lâchèrent Baptiste et suivirent Jésus. Alors, le Christ se retourna et, voyant qu’ils le suivaient, il leur dit :

— Que cherchez-vous ?

Ils lui répondirent :

— Faites-nous savoir seulement où vous demeurez.

Jésus répliqua :

— Dans ce cas, venez avec moi.

Il les conduisit donc à une hutte abandonnée, où il couchait quelquefois la nuit, les fit entrer et referma la porte sur eux. Il était la dixième heure du jour, c’est à dire quatre heures de l’après-midi.

Que se passa-t-il dans la hutte ? L’Évangile n’en dit rien. Quel fut l’Entretien du Verbe avec ses deux compléments ? Mystère.

Un théologien, à qui j’emprunterai encore souvent ses commentaires sur l’Évangile[2], écrit ceci : « Cet entretien se prolongea sans doute et devint une de ces communions intimes, chères aux âmes saintes, d’où elles sortent pleines de force et de lumière, avec l’inébranlable certitude que Dieu s’est révélé à elles. Quand la nuit vint, les deux disciples étaient gagnés à Jésus. » — N’insistons pas.

  1. Jean, chap I, vers. 29-34.
  2. L’abbé Fouard.