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LA VIE DE JÉSUS

Et si cela ne vous suffit pas encore, lisez saint Marc (ch. III, verset 21) : « Ses parents disaient : Il devient fou. »

Si Joseph avait été encore sur terre au moment où Jésus éprouva ses premières velléités de vagabondage, peut-être aurait-il mis ordre à cela ; mais le bonhomme était allé rejoindre ses aïeux. Sa mort fut sans doute fort vulgaire ; car l’Évangile ne dit même pas dans quelles circonstances le charpentier dévissa son établi.

Toujours est-il que Jésus avait de la famille et que cette famille ne croyait guère à la divinité de sa mission. — Il n’est pas de grand homme pour son valet de chambre ; il n’est pas de prophète pour son frère ou son cousin.

CHAPITRE XVI

JEAN-BAPTISTE S’EN MÊLE

Établissons quelques dates précises pour taquiner un brin les partisans de la fable chrétienne.

Il est reconnu, grâce à des témoignages irréfutables[1], qu’Hérode mourut au mois d’avril 750 de la fondation de Rome. D’autre part, suivant ce qu’ont décidé les papes infaillibles, l’ère chrétienne commence à l’année de la naissance de Jésus, laquelle, toujours selon les papes, correspond à l’an de Rome 753.

Entre la mort d’Hérode et la naissance du Christ, il s’est donc écoulé : neuf mois de l’an 750, tout l’an 751, tout l’an 752 et l’an 753 moins six jours ; soit environ quatre ans.

L’Église nous dit encore que Jésus commença ses prédications à trente ans, qu’il prêcha trois ans et qu’il mourut à l’âge de trente-trois ans ; c’est très net, cela.

Or, saint Luc déclare ceci dans son Évangile (chapitre III, verset 1-2) : « L’an quinzième de l’empire de Tibère César, Ponce-Pilate étant gouverneur de la Judée, Hérode[2] étant tétrarque de la Galilée, son frère Philippe l’étant de l’Iturée et du pays des Trachonites, et Lysanias, de la contrée d’Abila, sous le pontificat d’Anne et de Caïphe, la parole de Dieu fut adressée à Jean, fils de Zacharie, dans le désert. »

Le Nouveau Testament affirme, en outre, que la prédication

  1. Divers passages de l’historien Josèphe mettent hors de doute la date précise de cette mort. M. Wallon lui-même, bon catholique, s’incline et avoue dans son ouvrage sur la croyance due à l’évangile, chapitre iv, partie II.
  2. C’est d’Hérode Antipas qu’il s’agit cette fois. Cet Hérode Antipas est l’un des fils d’Hérode-le-Grand, lequel, quoique mort quatre ans avant Jésus-christ, n’en ordonna pas moins le massacre des innocents. Antipas succéda à son frère Archélaus.