Page:Léo Taxil - La Vie de Jésus.djvu/54

Cette page a été validée par deux contributeurs.
52
LA VIE DE JÉSUS

Le petit. — Maman, je me suis agacé parce que je ne pouvais pas arriver à finir une phrase, et j’ai fait un gros pâté sur mon cahier, et, ma foi, j’ai jeté mes devoirs dans le feu.

La maman. — Monsieur, vous êtes un vilain ; ce soir, à dîner, vous serez privé de dessert.

Le petit, pleurnichant. — Maman, maman, je ne le ferai plus !

La maman, en elle-même. — Allons, bon ! voilà que je fais verser des larmes à mon Dieu !

Le petit, se remettant. — D’abord, moi, je veux du dessert, na ! et tu ne peux pas m’en priver, puisque je suis le maître de tout l’univers !

La maman, joignant les mains. — Ô Jésus, ô Seigneur, je vous en prie, ne vous fâchez pas contre votre mère qui est votre servante ; vous aurez une belle tartine de confiture, ô mon divin Maître.

Le petit. — À la bonne heure, maman, comme ça, tu es bien gentille ; et maintenant que la classe est terminée, maman, mets-toi à genoux et adore-moi.

La maman se met à genoux et adore le petit.

Il ne faut pas croire cependant que tous les jours les choses se passaient de la sorte. En général, le petit Jésus qui était précoce, savait ses leçons et n’apportait pas à la classe des devoirs couverts de pâtés. L’instruction que sa mère lui donnait, tout en l’adorant, lui profitait.

Lorsqu’il eut douze ans, Joseph rappela à Marie que la loi juive les obligeait à conduire l’enfant à Jérusalem.

En effet, à cet âge, l’enfant israélite se trouvait, dans une certaine mesure, soustrait à l’autorité paternelle. Introduit dans la synagogue, il commençait dès lors à ceindre son front des « phylactères » qui étaient de longues bandes de parchemin couvertes de textes sacrés, et devenait « Fils de la Loi », soumis à ses prescriptions, dont une des principales était de visiter Jérusalem à la fête de Pâque.

Le jeune Oint avait donc douze ans (Luc, chap. ii, verset 42), quand, pour la première fois sans doute, il fit avec sa famille le voyage de Jérusalem. Il y avait trente-deux lieues de Nazareth à cette ville. Cette pérégrination demandait de trois à quatre jours.

La sainte famille passa à Jérusalem les sept jours de la Pâque. On mena Jésus au Temple, et aussi dans toutes les baraques de femmes géantes ; car la Pâque était une véritable fête nationale, à l’occasion de laquelle les saltimbanques venaient, comme de tout temps, gruger les gros sous des badauds.

Les fêtes terminées, Joseph et Marie pensèrent à rentrer à Nazareth. Ils se joignirent aux caravanes qui allaient de ce côté. Au bout d’un jour de marche, le père et la mère s’aperçurent que l’enfant n’était plus avec eux. Jésus avait été égaré comme un simple parapluie.

Citons le texte de l’Évangile :