Page:Léo Taxil - La Vie de Jésus.djvu/50

Cette page a été validée par deux contributeurs.
48
LA VIE DE JÉSUS

racles se multiplièrent sur le passage de la sainte famille pour lui rendre le voyage facile.

Des routes se tracèrent toutes seules, et le malheur est qu’elles disparurent aussitôt que le ménage Joseph n’en eut plus besoin. Le sable du désert se changeait — provisoirement — en terre fertile où poussaient à la minute des roses de Jéricho. Des fruits, il y en avait à tous les pas ; saint Joseph n’avait aucune peine pour les cueillir : les arbres se penchaient d’eux-mêmes.

On conçoit que, dans ces conditions, la sainte famille ait fait allègrement ses cent lieues.

Nous savons encore que les lions d’Arabie, les tigres et même les dragons (vu qu’à cette époque il y avait des dragons) accouraient en foule au devant du Seigneur et se prosternaient pour rendre hommage à sa divinité.

C’est la ville d’Héliopolis ou On, aujourd’hui Matarieh, à huit kilomètres du Caire, qui fut la résidence du ménage Joseph sur la terre égyptienne.

Personne ne sait à quoi s’occupèrent les bienheureux émigrants durant leur exil. Le plus clair de cet épisode de la vie de Jésus, c’est qu’actuellement il y a, à Matarieh, un couvent de moines coptes, où l’on montre aux pèlerins, moyennant finances, un majestueux sycomore à qui la Vierge fit l’honneur de s’abriter pour donner à téter au petit.

Vous me direz peut-être que ce sycomore doit être bien vieux et bien desséché. Pas du tout. Il est plus verdoyant que jamais ; malgré ses dix-neuf cents ans, il a gardé toute la vigueur de sa jeunesse.

Et il y a des incrédules qui demandent des miracles pour se convaincre ? Qu’ils aillent au couvent de Matarieh, qu’ils y passent seulement deux ou trois cents ans, et ils viendront m’en dire des nouvelles !

Un autre miracle, que tout le monde peut se procurer sans avoir besoin d’aller en Égypte, c’est le miracle des dattes.

Achetez pour cinq sous de dattes ; mangez-les ; vous remarquerez que sur chaque noyau de ces fruits, il y a un petit O. Eh bien, autrefois, il n’y avait pas de petit O sur les dattes ; les noyaux étaient tout unis.

Voici ce qui est arrivé : Jésus avait dix-huit mois ; sa mère lui présenta un jour des dattes ; le bébé, qui n’avait jusqu’alors que bégayé, les regarda et dit tout à coup : « Oh ! les beaux fruits ! »

C’est en mémoire de ce prodige qu’il y a un petit O sur les noyaux de dattes ; miracle perpétuel qui en rappelle un autre.

L’exil de la sainte famille dura sept ans, au dire de saint Bonaventure.

Pendant ce laps, l’enfant fut élevé par sa mère, qui l’avait nourri de son lait : du lait de vierge, encore un miracle.

Il s’amusa sans doute avec les outils du papa Joseph ; celui-