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LA VIE DE JÉSUS

de l’or pour une valeur de 30 à 40,000 francs ; ce qui était une réelle fortune à cette époque.

Nouveau sujet d’étonnement pour ma candeur, l’Évangile ne parle plus de cette fortune ; le livre saint nous dit au contraire que Marie et Joseph vécurent toujours dans la pauvreté ; quant à Jésus, il se comporta toute sa vie comme un pas grand’chose, vivant d’expédients et des libéralités de certaines donzelles dont nous aurons à nous occuper.

Pour que l’or apporté par le roi-mage ait été si promptement dissipé par la brune Marie, il faut donc admettre que la jeune femme avait des vices cachés. Qui sait ? Elle n’aura jamais révélé à Joseph la bonne aubaine de la visite du vieux Melchior ; puis, elle aura joué à la loterie pour doubler son magot, et elle aura tout perdu.

CHAPITRE XI

LA SAINTE FAMILLE DÉTALE

Pas méfiants le moins du monde, nos trois rois-mages se proposaient de tenir leur promesse à Hérode. Ils comptaient revoir le tétrarque et lui indiquer l’écurie où trônait son futur concurrent : ils allaient commettre là une fière boulette. Heureusement, du haut du ciel, Jéhovah veillait sur son Fils, — ainsi nommé parce qu’il avait été engendré par le pigeon.

Les trois mages eurent une nuit le même songe.

Une voix leur dit :

— Gardez-vous bien de revoir le roi Hérode. C’est un méchant qui en veut au gosse que vous avez si bien adoré. Ne remettez plus les pieds à Jérusalem, et retournez dans votre pays par un autre chemin.

Nos mages obéirent.

Comment parvinrent-ils dans leur pays en ne prenant pas la même route qu’ils avaient suivie pour venir ? — L’Écriture sainte ne le mentionne pas. Une étoile nouvelle (ou peut-être la même) leur aura sans doute servi encore de guide. — À leur arrivée, à coup sûr, ils trouvèrent leurs peuples inquiets de leur absence, et ils reprirent les rênes du gouvernement comme par le passé. Seulement, ce qui est curieux, c’est que ces rois, qui avaient exécuté une promenade de huit mois, y compris l’aller et le retour, pour venir adorer un dieu nouveau, n’aient pas songé ensuite à établir sa religion dans leurs États. Aucun historien, en effet, ne rapporte que l’on ait adoré, à n’importe quelle époque, le Christ en Perse, région où se trouvaient les royaumes des mages.