Page:Léo Taxil - La Vie de Jésus.djvu/372

Cette page a été validée par deux contributeurs.
370
LA VIE DE JÉSUS

les foules se convertissaient ; il est mort en 120 ; il a passé trente ans à Rome, où les miracles chrétiens éclataient, extraordinaires, jusqu’au milieu du Colisée, sous les yeux de la multitude, nous racontent les curés. Plutarque avait, comme historien, une spécialité : il biographiait tous les hommes célèbres, sans négliger de recueillir les légendes merveilleuses, et il n’a pas écrit la biographie de Jésus-Christ !…

Et Sénèque ?… Né à Cordoue en l’an 2, mort à Rome en l’an 66, il était contemporain de l’homme-dieu ; il vécut la plus grande partie de sa vie à la cour impériale ; il était à Rome, lorsque s’y produisit, de 51 à 64, la longue lutte de prodiges entre Simon Pierre et Simon de Gitta, lutte qui finit par la mort tragique de ce dernier, au dire des papes infaillibles. Ce Simon, chef d’une secte samaritaine, s’était brouillé en Judée avec Pierre et avait entrepris, dès lors, de lui faire une concurrence sérieuse, à coups de prestiges. Pierre rendait la vue aux aveugles, dégonflait les hydropiques, ressuscitait des morts, au nom de Jésus-Christ : Simon de Gitta opérait au nom d’un Saint-Esprit, qu’il appelait Pneuma-Agion, et ses miracles n’étaient pas de la petite bière, non plus, quoique d’un autre genre : à son commandement, les statues des places publiques descendaient de leur socle et exécutaient des gambades dans la rue ; il jetait une faucille en l’air, elle partait vers le champ voisin et faisait, toute seule, la besogne de dix moissonneurs ; un soir, on manquait de lumière dans une salle de conférences, Simon appela la lune, elle descendit en rapetissant son disque, entra dans la salle et s’y tint à quelque distance du plafond, pour éclairer les auditeurs tout le temps nécessaire. Finalement, en présence de la cour impériale, des sénateurs et du peuple, Simon de Gitta s’éleva au ciel dans un char de feu, instantanément apparu à son invocation ; mais Pierre invoqua Jésus-Christ à son tour, le char disparut, et le magicien Simon tomba d’une hauteur de cent mètres environ, se cassant les jambes dans sa chute ; de dépit, il se jeta le lendemain d’une fenêtre et, ce coup-ci, se tua. Tout cela est article de foi… Eh bien, Sénèque, qui a beaucoup écrit, n’a rien dit de ces merveilles ; il est vrai que, plus tard, les moines ont détruit et fait complètement disparaître son traité Du Mouvement de la Terre, qui devait sans doute contrarier les idées dogmatiques de la terre plate et immobile et du soleil mouvant, et son traité Sur la Superstition, qui, fort probablement, s’il mentionnait les christiens, ne leur montrait pas assez de respect ou exposait leurs premières légendes, différentes des évangiles.

Et Philon d’Alexandrie, le Platon juif, qui vécut cent ans (né l’an 20 avant l’ère vulgaire, mort l’an 80 après), qui vint à Rome et à Jérusalem, qui philosophait en essénien convaincu, qui a écrit tant d’ouvrages, contenant certaines théories passées ensuite dans les écoles théologiques chrétiennes ; encore un qui a ignoré Jésus-Christ, Pierre, Jean, Paul et les autres apôtres !…

Et Flavius Josèphe lui-même n’a rien su des prédications pu-