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LA VIE DE JÉSUS

tout ahuris. Tandis qu’ils s’entretenaient de l’étrange aventure, v’lan ! voilà le mur qui s’ouvre et Jésus qui paraît. Était-ce lui ? était-ce un esprit ? dit l’Évangile. Les apôtres crurent à un esprit, et furent remplis de trouble et de frayeur. Jésus eut toutes les peines du monde à les rassurer. Il leur montra ses mains, ses pieds, se fit tâter les chairs et les os. Malgré cela, ils ne pouvaient croire à un pareil bonheur.

Alors, Jésus leur dit :

— Avez-vous quelque chose à manger ?

Ils lui présentèrent un morceau de poisson rôti et un rayon de miel. Il mangea devant eux, et, prenant les restes, il les leur donna. Puis, il leur souffla à chacun sur la tête, en affirmant que c’était le Saint-Esprit qu’il leur communiquait ainsi.

— Je souffle sur vos billes, disait-il ; eh bien, ce souffle n’est autre chose que le pigeon, mon père, qui prend la forme de mon haleine pour se répandre en vous. Maintenant, les péchés seront remis à qui vous les remettrez, et retenus à qui vous les retiendrez. Vous pourrez chasser les démons ; vous parlerez toutes sortes de langues, sans les avoir jamais apprises ; vous prendrez les serpents dans la main, sans en être piqués ; enfin, si quelqu’un s’avise de vous donner un bouillon de onze heures, ce sera comme si vous buviez une tasse de lait sortant de la vache.

Nul n’est besoin de dire combien les apôtres furent flattés de cette avalanche de dons précieux. Cette fois, ils furent bien obligés de convenir que Jésus était réellement ressuscité et qu’il avait, par conséquent, tenu sa promesse.

La Magdeleine, prenant sa revanche, critiqua les disciples de son bien-aimé, qui n’avaient pas voulu croire à ce qu’elle avait dit. Elle fut d’une ironie cruelle ; c’était du reste son droit.

— Vous imagineriez-vous, Seigneur, disait-elle, qu’ils m’ont traitée de folle, lorsque je leur ai raconté votre apparition en jardinier ?

— Cela ne m’étonne pas ; ils n’ont pas pour quatre sous de foi ; si l’on ne se met pas en frais de prodiges extraordinaires, ils ne croient à rien.

— Maître, pardonnez-nous, répliquaient les apôtres honteux ; et vous, Magdeleine, ne nous en veuillez plus.

Finalement, la Magdeleine, qui n’était pas une mauvaise fille, consentit à ne plus les accabler des traits de sa raillerie, et Jésus les quitta, en leur recommandant en termes amicaux, de jamais plus s’étonner de n’importe quoi.

    nier à la Magdeleine, est immédiatement venu auprès de ses apôtres, qui s’étaient barricadés dans le cénacle par crainte des Juifs ; seulement, Thomas étant absent, ne crut pas au récit de ses collègues, et ne vit Jésus que huit jours après. Selon Matthieu, Jésus, lors de son apparition à la Magdeleine, la pria de donner rendez-vous aux apôtres en Galilée, sur une montagne, et c’est , et non au cénacle de Jérusalem qu’il leur apparut une seule et unique fois, sans jamais se montrer à d’autres disciples, pas plus à Emmaüs qu’ailleurs.