munies d’une nouvelle provision de parfums ; elles avaient pensé que les cinquante kilogs de myrrhe et d’aloès de Nicodème ne suffisaient pas pour conserver le corps, et elles croyaient à la nécessité d’un supplément d’embaumement. Tout à coup, elles sentirent la terre trembler sous leurs pieds.
Au même instant, les gardes furent réveillés en sursaut ; ils virent un ange descendre du ciel, le visage brillant comme un éclair, les vêtements blancs comme la neige ; en un tour de main, il renversa la pierre tumulaire. Les gardes épouvantés se collèrent la face contre le sol. Ce fut à ce moment sans doute que Jésus sortit du sépulcre.
Les quatre évangélistes racontent encore, chacun à sa manière, l’épisode de la résurrection. Selon Matthieu, la Magdeleine et l’autre Marie viennent seules au tombeau, et, de l’entrée du jardin, assistent à l’arrivée de l’ange, sans toutefois voir sortir le Christ. Selon Marc, les femmes sont au nombre de trois, Marie, épouse de Cléophas, la Magdeleine et Salomé, et, quand elles arrivent, la résurrection est depuis un bon moment accomplie ; l’ange est assis sur la pierre sépulcrale, enlevée et placée à une certaine distance ; les soldats sont partis. Selon Luc, ce sont la Magdeleine, Joanna et toutes les femmes du Golgotha qui viennent, et il y a deux anges, non auprès du tombeau, mais à l’intérieur. Selon Jean, la Magdeleine, exclusivement seule, se présente, ne voit aucun ange d’abord, et s’en va chercher Pierre pour constater que le sépulcre est vide.
Puisque les évangélistes se contredisent donc, nous prendrons le récit d’un seul. Sans cela, nous ne parviendrions pas à nous en tirer, tant le gâchis est grand dans les soi-disant sacrées écritures.
Suivons la narration de Jean.
La Magdeleine entre donc dans le jardin.
— Ma parole, s’écrie-t-elle, le sépulcre est ouvert !
Elle y jette un coup d’œil.
— Vide ! il est vide !
Et elle court conter l’événement à Pierre et à Jean :
— Venez voir, dit-elle, ils ont enlevé du sépulcre mon bien-aimé, votre patron à tous. Qui sait où ils peuvent bien l’avoir mis ?
— Rassurez-vous, Magdeleine, répond Pierre ; un cadavre, voyez-vous, ça ne s’égare pas comme un parapluie ; nous le retrouverons.
La Magdeleine, Pierre et Jean partent pour la propriété du sénateur ; mais Jean, qui court plus vite que les deux autres, arrive premier. Il va droit au tombeau, se baisse, regarde à l’intérieur et n’aperçoit que les linceuls qui gisent à terre et le suaire qui, paraît-il, « avait été soigneusement plié ». Pierre arrive à son tour et entre, lui, dans l’excavation : il constate la présence des mêmes objets. Jean, enhardi par l’exemple de Pierre, entre également. Les deux apôtres se regardent étonnés