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LA VIE DE JÉSUS

expresse que ce jardin appartînt au dévoué sénateur ; mais les curés le présument ; ne les chicanons pas pour si peu.

On transporta à bras le divin cadavre jusqu’à la propriété de Joseph. C’était là que se trouvait le beau sépulcre neuf dont il avait parlé à Pilate. Les femmes du Calvaire et le petit Jean assistèrent à cet ensevelissement, qui se fit sans tambour ni trompette. Marie, femme de Cléophas, et la Magdeleine tinrent bien à constater que tout se passait dans les règles. Elles suivirent avec attention tous les détails de cette funèbre besogne, et ne s’en allèrent que lorsque les domestiques de Joseph eurent roulé une lourde pierre à l’entrée du tombeau.

Cependant, après la visite du sénateur d’Arimathie, Pilate avait reçu celle des grands-prêtres.

— Messire, dirent les délégués du Sanhédrin, le sieur Jésus est mort, mais ce n’est pas tout. Nous nous souvenons que cet imposteur a dit pendant qu’il vivait encore : « Après trois jours, je ressusciterai. » Il y a donc à craindre que ses disciples viennent dérober son corps, le fassent disparaître et aillent ensuite crier partout : « Jésus était si bien un dieu, qu’il est ressuscité. »

— Eh bien ! répondit Pilate, quand même cela arriverait, ce n’est pas la disparition du corps qui prouverait sa résurrection. La seule et bonne preuve à produire serait au contraire l’exhibition de Jésus plus vivant que jamais.

— Oh ! ces gens sont tellement roués et le public est tellement badaud, que ceux-là feront bien croire à celui-ci tout ce qu’ils voudront, si simplement le corps du crucifié est introuvable.

— Alors, que voulez-vous que j’y fasse ?

— Ordonnez, seigneur, qu’une garde soit placée auprès du sépulcre, avec l’ordre sévère de n’en laisser approcher personne, au moins pendant trois jours.

Pilate réfléchit un moment, puis il dit :

— Vous pouvez bien faire cela vous-mêmes. N’avez-vous pas une troupe a votre service ?

— Oui, messire.

— Placez-la donc au sépulcre, et gardez le cadavre comme vous voudrez.

Les princes des prêtres s’en vinrent chercher les soldats du Temple, les conduisirent au jardin de Joseph d’Arimathie, et leur donnèrent une consigne rigoureuse. Par surcroît de précautions, ils mirent les scellés sur la pierre qui fermait le tombeau.

La journée du samedi de la Pâque se passa sans aucun incident. Le corps du Christ était un cadavre vulgaire, puisque ce jour-là son âme était ailleurs, occupée à présenter au père Jéhovah les âmes des limbes qui avaient mérité le paradis.

Mais c’est le dimanche matin que les choses allaient prendre une autre tournure.

Les gardes dormaient comme des bienheureux auprès du sépulcre. La Magdeleine et l’autre Marie arrivèrent au jardin,