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LA VIE DE JÉSUS

En lui-même, Jésus dut penser que son sang ne retomberait sur personne, puisqu’il était venu le verser sur terre précisément pour racheter les péchés passés, présents et futurs de tous les humains.

Il était alors entre dix heures et demie et onze heures du matin. Rien ne s’opposait donc plus dès lors à l’exécution du condamné. (Matthieu, XXVII, 2-31 ; Marc, XV, 1-20 ; Luc, XXIII, 1-25 ; Jean, XVIII, 28-40, XIX, 1-16.)

CHAPITRE LXIV

LE CALVAIRE

Nous voici en route pour le lieu du supplice. L’Évangile en main, nous suivrons l’homme aux deux natures, afin de savoir s’il mourra courageusement, comme il convient à un héros.

D’abord, où le conduisait-on au sortir du prétoire de Pilate ?

Les licteurs romains sont mêlés aux gardes du Temple ; la population, ayant à sa tête les princes des prêtres, les scribes, les pharisiens, accompagne ces militaires. On se rend premièrement à la prison de Jérusalem. Là, on enlève à Jésus son manteau rouge et sa robe d’aliéné, et on lui restitue ses vêtements. Par la même occasion, les exécuteurs de la loi adjoignent au Christ deux filous que la justice a également condamnés à mort, mais dont l’Évangile oublie de raconter le jugement.

Le cortège, ainsi complété, se remet en marche et se dirige vers une colline située en dehors de la ville ; c’est là le lieu ordinaire des exécutions. Cette colline s’appelle Golgotha ou Calvaire : mots qui veulent dire « crâne ». Ce nom vient de ce que le monticule se termine par un immense roc dénudé ressemblant de loin à un crâne. Les commentateurs catholiques, qui ont la rage de fourrer du merveilleux partout, prétendent que, si la colline où fut pendu Jésus s’appelle Calvaire, c’est parce qu’à l’intérieur se trouve le crâne d’Adam. Notez que jamais personne n’a déterré un objet semblable. Je vous dirai plus loin comment les curés expliquent qu’on n’ait jamais pu remettre la main sur ce crâne célèbre, bien qu’ils donnent leur parole d’honneur qu’il est enfoui réellement sous le Golgotha.

Donc, le cortège traversa la ville. Sur son passage, l’infortuné fils du pigeon était partout l’objet de la risée publique. À chaque coin de rue, il rencontrait quelque ancien aveugle à qui il avait rendu la vue, quelque cul-de-jatte qu’il avait remis sur pied ; il aurait pu s’attendre à voir ces gens, ses obligés, se jeter sur les soldats de l’escorte et délivrer leur bienfaiteur. Il avait