Page:Léo Taxil - La Vie de Jésus.djvu/328

Cette page a été validée par deux contributeurs.
326
LA VIE DE JÉSUS

— Il s’est opposé à l’exécution de nos lois contre les femmes adultères !

— Il viole le repos du sabbat !

— Il se fait entretenir par des femmes galantes !

— Il excite la foule contre le gouvernement !

— C’est un vagabond !

— C’est un maraudeur !

— Il a volé un âne !

Etc., etc., etc., etc.

— Fort bien, répondit Pilate ; mais je n’en ai que faire, de votre prisonnier. Gardez-le et punissez-le conformément à vos lois.

— Mais, répliqua un docteur de la synagogue, plusieurs des crimes qu’il a commis sont passibles, suivant notre code, de la peine capitale ; et vous savez que, depuis notre annexion à l’empire romain, nous n’avons plus le droit d’exécuter une sentence de mort sans qu’elle soit confirmée par le représentant de César.

— Au reste, ajouta quelqu’un qui, sans aucun doute, était un percepteur de tribut, cet homme est un séditieux ; en mainte circonstance, il a conseillé de ne pas payer l’impôt, disant que c’était lui le Roi, se donnant pour un Messie, un Christ chargé d’affranchir la Judée.

— Soit, je vous demande alors un moment ; je vais l’interroger.

Et le procurateur retourna vers Jésus.

— Voyons, lui dit-il, as-tu réellement la prétention d’être le roi des Juifs ?

Jésus répondit :

— Est-ce de vous-même que vous m’adressez cette demande, ou bien sont-ce mes ennemis qui m’ont accusé auprès de vous de prétendre à la royauté ?

La nature humaine agissant, Christ éludait la question.

Pilate eut un mouvement d’impatience :

— Je me soucie bien peu de tes ennemis ! Je suis romain, et non pas juif. Je n’épouse pas vos querelles, à vous autres, israélites… Ta nation et les pontifes t’ont livré à moi ; qu’as-tu fait ?

Jésus se garda bien de répondre.

— Mais enfin, qu’est-ce que cette royauté à laquelle on t’accuse de prétendre ?

— Ma royauté n’est pas ici. Si mon royaume était de ce monde, mes gens auraient combattu pour m’empêcher de tomber entre les mains des Juifs.

— Alors, tu es un monarque sans royaume ?

— Je vous le répète, mon royaume n’est pas ici.

— Où qu’il soit, tu te dis souverain. Es-tu donc roi ?

— Vous l’avez dit, je le suis.

Pilate se demanda s’il n’était pas en présence d’un fou. Il alla auprès des chefs du peuple.